ENTRVUE AVEC ESTÉVAN MORIN SUR SON FILM DÉSOLÉ, PARDON, JE M'EXCUSE
- Estevan Morin
- 17 mars
- 5 min de lecture

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’échanger avec Estévan Morin, réalisateur du film Désolé, Pardon, Je m’excuse. Un film au concept intrigant, qui mêle comédie et thématiques sombres de manière unique.
Désolé, Pardon, Je m'excuse raconte l'histoire de Ella qui est une femme qui aime regarder des vidéos de tortures sur internet, au point où elle décide d’enlever quelqu’un pour faire ses expériences. Rendu sur le fait, elle réalise qu’elle n’est pas faite pour ça, mais sa victime est un suicidaire qui refuse de repartir de là vivant.
Estévan, peux-tu nous parler de l’origine de ce projet ? D’où est venue l’idée de cette histoire ?
EM : Je ne sais pas trop d'où viennent les idées exactement. Mais j'ai beaucoup puisé dans une période difficile de ma vie pour le personnage de Donatien, celui qui se fait kidnapper par Ella. J'étais à mon plus bas et le pire était que je n'arrivais pas à écrire une ligne de scénario. Puis un jour, j'ai eu cette idée qui m'est apparue. J'ai pas mal toujours écrit des scénarios de comédies, mais à ce moment plus que jamais j'avais besoin d'écrire quelque chose de drôle.
Justement, comment as-tu trouvé l’équilibre entre la comédie et les thèmes plus sombres du film ? Était-ce un défi ou est-ce venu naturellement ?
EM : C'est venu naturellement, j'ai un humour très noir, parfois trash. Depuis que je suis tout petit, je suis fan de South Park. Je me rappelle que parfois je me cachais pour regarder des épisodes. Cette émission-là m'a énormément influencé. Je ne suis pas sur si c'est une bonne chose ahah.
Est-ce que cette influence s’est retrouvée dans la manière dont tu as écrit les dialogues et les interactions entre les personnages ? Y a-t-il eu des scènes où tu as dû te censurer ou, au contraire, où tu t’es permis d’aller encore plus loin ?
EM : C'est sur que cela a eu une influence oui, mais ce n'est pas la seule influence. Notamment sur les dialogues, j'ai beaucoup étudié la manière que Quentin Tarantino et Francis Veber les écrivaient. Sinon, je ne me censure pas. Si je trouve ça drôle, je le mets. Je sais faire la différence entre de l'humour et quand c'est purement gratuit.
En parlant de dialogues et d’interprétation, comment s’est passée la collaboration avec les acteurs ? Ont-ils apporté leur propre couleur aux personnages ou tout était très cadré dans ton écriture ?
EM : Quand on fait un film, on est jamais tout seul. Quand j'ai écrit le scénario j'avais une musicalité, un rythme dans les dialogues, mais rendu sur le tournage parfois il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Et c'est normal. Les acteurs s'approprient le personnage et ajoutent une touche qu'on ne pouvait pas prévoir. Il arrive que certaines propositions doivent être recadrées, mais souvent les comédiens font une proposition qui est meilleure que ce qui était prévu.
Y a-t-il un moment sur le tournage qui t’a particulièrement marqué ? Une scène où un acteur a proposé quelque chose d’inattendu qui a changé ta vision initiale ?

EM : Je ne dirais pas qu'un acteur a vraiment changé ma vision initiale, toutes les propositions étaient en accord avec le mood générale que je recherchais. Je me souviens par contre d'une journée avec l'humoriste Jo Cormier. Il improvisait quelques lignes et cela les rendait encore plus drôles. Je lui ai laissé cette liberté-là, car il ne changeait pas la trajectoire de son personnage ni le sens des dialogues, il changeait des éléments et je devais me retenir de rire pour ne pas qu'on m'entende. Je ne sais même pas comment les autres comédiens ont réussi à rester dans leurs rôles. Ils sont très forts.
Ça devait être un sacré défi de garder son sérieux sur le plateau ! En parlant du ton, le film a une esthétique visuelle bien à lui. Comment as-tu travaillé la mise en scène et la direction photo pour accompagner cette ambiance à la fois sombre et comique ?
EM : C'est pas bien bien compliqué. Je viens de l'animation (Hébert et Halfred, Paul et Mic) J'aime quand c'est éclairé. Généralement quand on touche de près ou de loin à l'horreur nous avons tendance à rendre cela plus sombre. Mais j'avais envie de faire quelque chose de coloré. C'est une comédie. Le côté sombre est dans l'histoire.
C’est une approche intéressante, qui va un peu à contre-courant des codes visuels habituels du genre. Au-delà de l’aspect visuel, comment voulais-tu que le spectateur se sente en regardant Désolé, Pardon, Je m’excuse ? Y avait-il une émotion ou un état d’esprit particulier que tu voulais provoquer chez eux ?
EM : Le rire. Il y a évidemment des scènes choquantes, mais je veux vraiment que les gens aient beaucoup de plaisir devant mon film. Même parfois les faire rire avec des choses qu'on ne devrait pas.
Une fois le montage terminé, quelles sont les prochaines étapes pour Désolé, Pardon, Je m’excuse ? As-tu déjà une idée de comment tu veux le présenter au public ? Festivals, sorties en salle, plateformes ?
EM : J'aimerais l'envoyer dans des festivals et trouver un distributeur. Idéalement j'aimerais une sortie en salle dans tout le Québec.
As-tu déjà des festivals en tête où tu aimerais soumettre le film en priorité ? Y a-t-il un en particulier qui correspond bien à l’esprit de Désolé, Pardon, Je m’excuse ?
EM : Le festival Fantasia est un de ceux que je vise le plus. Mais il y en a beaucoup.
En tant que cinéaste, qu’espères-tu retirer de ces festivals ? Est-ce plutôt pour faire découvrir ton film à un large public, attirer l’attention d’un distributeur, ou encore échanger avec d’autres créateurs ?
EM : Je dirais tout ça. Évidemment, quand on a un film, on a envie de le montrer au monde. C'est une montagne. Qu'un film soit terminé est quelque chose de difficile. Et puis, je suis un passionné. Parler de cinéma avec d'autres créateurs c'est évidemment quelque chose qui m'intéresse !

Pour finir, si tu devais donner envie aux spectateurs de voir Désolé, Pardon, Je m’excuse en une seule phrase, ce serait quoi ?
EM : Des films marginaux comme ça au Québec ça n'arrive presque jamais, donc ne manquez pas cette chance de le voir en salle lorsqu'il le sera.
C'est une excellente façon de résumer l'importance du film ! Un projet audacieux qui sort du cadre habituel du cinéma québécois, ça mérite d’être vu sur grand écran. Merci beaucoup, Estévan, pour cette entrevue. On te souhaite le meilleur pour la fin du montage, les festivals et, bien sûr, la sortie en salle de Désolé, Pardon, Je m’excuse ! On a hâte de voir les réactions du public.
Retranscription de l'entrevue par Estévan Morin
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